Vous voulez mener à bien votre transformation, tout démarre trés bien, vous avez expliqué et travaillé avec vos collaborateurs sur ce que vous voulez transformer au sein de l’entreprise, vous avez nommé des acteurs que vous avez même appelés pour l’occasion « transform’acteurs », vous avez mouillé votre chemise pour lancer la démarche dans l’entreprise et patatras malgré tous ces efforts au bout de quelques mois, vous constatez que « rien ne bouge » et que « rien se passe »…..pas de panique, vous venez juste de vivre les paradoxes de l’innovation et de la transformation.
J’en ai répertorié au moins 6, avant de les détailler, précisons d’abord de quoi parle-ton au juste lorsque l’on évoque les transformations en cours depuis une dizaine d’années dans nos sociétés ?
Selon Pierre Giorgini, Président-Recteur de l’Université Catholique de Lille et auteur du livre La transition fulgurante, nous vivons une transition fulgurante d’un ancien monde vers un monde nouveau , dans lequel l’innovation sera de plus en plus accessible au plus grand nombre.
L’intelligence, l’ingéniosité et une forme « d’entertainement » prendront une place de plus en plus grande et ne devraient plus être réservées uniquement à des communautés d’experts.
Les individus ne devraient plus se positionner seulement comme des clients de serveurs de données et d’informations, mais seront progressivement à la fois sources et destinataires de celles-ci. d’où d’ailleurs les débats actuels autour des données personnelles et de leur management !!
Les 4 moteurs de cette transformation au sens de cycle d’innovation sont :
- Disruption des modèles économiques,
- Digitalisation de l’expérience client, avec la possibilité, à tout moment et en tout lieu, d’accéder en temps réel à des offres ,
- Déverrouillage des silos de la chaîne de valeur à travers la numérisation des processus et les coups de boutoir des entrepreneurs dans l’éco-système via des projets nouveaux (start-ups ou intrapreneurs !!),
- Enfin, Diffusion du digital, avec une intégration accélérée de nouveaux usages dans les organisations liés au numérique et le développement de nouveaux savoir-être « collaboratif, agile » et de capacité d’interactions plus fortes au sein des communautés internes et externes.
Ces 4 moteurs amènent à redéfinir le rôle des acteurs, à en intégrer des nouveaux et à en écarter d’autres.
Cette transformation liée à l’innovation peut être perçue selon le cas , soit comme une révolution qui remet en cause les modèles économiques établis, soit comme une transition d’un ancien modèle vers un nouveau avec un fort impact sur les pratiques
Alors pourquoi les organisations rament-elles autant pour aborder le nouveau monde en conservant les forces de son monde actuel ?
Parce que souvent les collaborateurs, porteurs de projets, entrepreneurs et acteurs de la transformation se heurtent à 6 paradoxes, dont ils n’ont pas toujours conscience. Ils ne savent pas forcément comment lever ou prendre en compte dans leur accompagnement de projet et dans la conduite du changement à faire. Ils retombent souvent dans les travers du coup de rester dans la zone de confort : continuons à faire ce que nous faisons bien !!
Pour illustrer ces points, je vous propose d’aborder le premier d’entre eux :
PARADOXE 1 : si l’innovation repose généralement sur un collectif, les idées, elles, ont pour origine des individus.
Dans les accompagnements menés auprès de mes clients dans ce domaine, j’ai pu observer que pour que les individus adoptent une posture d’innovation, il convient de respecter un protocole lors d’une phase individuelle, qui les autorise à se sentir libre d’innover pour qu’ensuite ils puissent converger lors d’une phase collective.
Vous pouvez consulter aussi notre aide mémoire sur la divergence et la convergence à mettre en oeuvre :
https://gdeuxa.wordpress.com/2018/03/13/aide-memoire-convergence-divergence/ )
Ce protocole malheureusement s’oppose habituellement au processus de management traditionnel de gestion en exécution quotidienne, qui incite les individus à se focaliser sur l’atteinte des résultats prévisibles et seulement ceux là.
Il existe une vraie tension entre volonté de libérer l’intelligence collective des individus et management plus directif qui pousse les individus à raisonner dans un cadre prédéfini.
Pour arriver à dépasser cette tension, il est nécessaire par exemple de les faire préalablement « bricoler » ensemble (sens premier d’ailleurs de Hacking cf le corporate hacking !!) et d’inverser la présomption de compétence pour faire travailler tous les talents sur le projet ou sur les idées de transformation à mener.
Pour y arriver, il faut laisser libre court à leur créativité (car oui tout le monde peut apporter à la créativité!!), recourir par exemple à des “objets frontières” qui jouent le rôle de création de liens et favorisent la mise en place d’un cadre collaboratif. Ensuite, on peut co-construire à partir de ce cadre et de ce « vécu » commun.
Deux questions doivent vous guider avant de proposer ou pratiquer une méthode sur étagère (il y en a de nombreuses souvent formatées et rarement adaptées à la problématique à traiter !! ) :
- Est-il possible de mettre tous les individus en posture d’innovation?
- N’existe-t-il pas un risque que l’individu soit noyé dans le collectif?
Ces deux questions doivent vous aider à trouver le meilleur protocole adapté aux enjeux de la transformation que vous avez à mener et d’adapter votre approche à chaque contexte de départ.
Je vous propose de poursuivre dans un deuxième volet l’examen des paradoxes sur votre route.
Le prochain est de considérer que « le collectif, en innovation, ne se résume pas à une collection d’individus » !!!