
Un industriel ne vit pas sur une île, surtout en ce moment pour son énergie
1,5 milliard d’euros en 2021, dont 800 millions pour le seul dernier trimestre et une facture qui s’envole au cours des trois premiers mois de 2022 de 900 millions d’euros, voilà l’impact pour les sites européens de BASF de la hausse des prix de l’énergie selon les Echos. ,
Le cas d’école pour BASF concerne son usine géante de Ludwigshafen qui représente 30 % de la production du groupe et de sa valeur ajoutée mondiale avec des productions omniprésentes dans la vie quotidienne, des gels douche aux engrais, en passant par les polyamides pour les voitures, les vêtements de sport ou les colorants alimentaires.
Le cœur de cette usine : deux vapocraqueurs chauffés au gaz livré par gazoduc (qui traversent le site) transforment le naphta (hydrocarbure léger distillé à partir du pétrole brut) en molécules de base comme l’éthylène ou le propylène. Le site est déjà optimisé, certains dérivés qui découlent des processus de fabrication sont réutilisés comme matières premières dans d’autres usines du groupe (sur plus de 20 autres sites). Mais, pour ce faire, le site de Ludwigshafen a absorbé à lui seul 37 térawattheures de gaz l’an passé, soit 4 % des volumes consommés outre-Rhin, qui jusque là et pendant des décennies était peu cher.
Voilà pourquoi, cet industriel n’a pas toujours chercher à développer des alternatives et est confronté aujourd’hui aux conséquences de ce type de choix structurant.
Cet exemple montre s’il en était besoin qu’il est important d’industrialiser en prenant en compte le chemin vers cette Neutralité Carbone et les risques associés dés la conception des schémas industriels et territoriaux .
Quel chemin pour la Neutralité Carbone et la transition énergétique ?
Depuis quelques années, cette question est au cœur des discussions autour de la transition énergétique :
- l’accord de Paris = limitation du réchauffement de la planète à moins de 1,5 degré Celsius en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels.
- Le Pacte vert pour l’Europe vise une neutralité climatique à horizon 2050 et sa taxonomie Vertes Européenne dont on parle beaucoup car elle est fait l’objet d’apres discussion.
Hors, passer d’un niveau émission actuel (scope 1 direct ou 2 et 3 indirecte) vers un niveau d’émission cible plus faible est un effort important qui nécessite d’orienter les investissements sur le bon chemin. De plus, ce chemin est très différent d’une entreprise à l’autre et d’un pays à l’autre.
La taxonomie verte : prendre en compte la diversité des situations (déjà durables, non durables en soi, en transition)

La taxonomie verte distingue la diversité des activités (seules les activités émettant moins de 100g de CO2 par kWh entrent dans le cadre de la taxonomie verte) et de leur situation :
- Activités Considérées comme étant « déjà durables » (par exemple, la production d’électricité utilisant les panneaux solaires)
- Activités considérées comme non durables en soi (activités dites habilitantes) mais qui permettent à d’autres activités de contribuer de manière substantielle à un ou plusieurs objectifs environnementaux (par exemple, la production de batteries électriques).
- Certaines activités sont classées par l’Europe dans une troisième catégorie, dite « de transition ». Leur impact carbone est important, mais elles ne disposent pas, à l’heure actuelle, d’alternatives bas carbone viables sur le plan technologique et économique. Ces activités doivent cependant mettre en œuvre les meilleures pratiques actuelles en matière environnementale. C’est le cas, par exemple, de la production d’aluminium. Dans ce cas, l’enjeu est plutôt lié à un objectif « atténuation du changement climatique »
On le voit le paysage est beaucoup plus complexe qu’on ne le croit, il n’y pas de recettes miracles.
Quelques principes directeurs favorisant l’atteinte d’une production plus verte et préservant mieux la planète
L’idée ici est d’évoquer quelques pistes pour faciliter une réindustrialisation du futur plus décarbonée. Sans jeu de mots, il faut éviter des usines à gaz trop grandes ou impraticables.
Un engagement neutralité implique de mesurer des ordres de grandeurs (pas besoin d’un analytique détaillé, de simples ordres de grandeurs peuvent suffire à décider et à orienter les efforts au bon endroit).
Il faut réussir à penser des alternatives durables en faisant un pas de côté en intégrant les approches scientifiques au cœur des Business Models, en réintégrant le hors bilan et l’extra-financier dans les réflexions sur la valeur apportée et leurs impacts.
- Prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux pour orienter les approches vers des modèle d’affaires plus « Régénératifs » (et moins volumiques) intégrant de nouveaux business model plus circulaires (et moins linéaires).
- Réfléchir à des chaines de valeur allant vers un Réseau de valeur qui prend en compte l’ensemble de la valeur apportée et des externalités positives / négatives du modèle (notamment extra-financières).
- Pouvoir rendre les énergies tout au long de la chaine plus intelligemment dépensées ou utilisées, ce qui est plus facile à dire qu’à faire, mais nécessite en tout cas de mobiliser tous les moyens de recherche et d’innovation autour de cet enjeu.
Des risques économiques, surtout extra-financiers
La notion de risque n’est plus seulement financière mais majoritairement « extra financière ». l’enjeu est d’arriver à prévenir et à contrôler les risques liés à cette transition :
- ignorer purement et simplement l’extra financiers,
- ne plus investir dans le carboné ou dans les solutions nécessaires pour assurer une transition de certains secteurs (électrification, transition digitale, plateformes de collaborations de filières),
- ne pas prendre en compte la pollution et/ou les conséquences d’utilisation de ressources rares,…
- A vous de compléter cette liste….
Comment piloter cette transition écologique pour décarboner sans détruire?

Il faut un consensus qui est loin d’être acquis à ce jour pour piloter la transition avec comme boussole « décarboner sans détruire » pour réussir à travailler chaque axe :
- Atténuer le changement climatique,
- S’adapter au changement climatique,
- Faire un usage durable des ressources d’eau,
- Participer à l’épanouissement de la biodiversité,
- Respecter les règles de l’économie circulaire et le recyclage des déchets
- …
L’un des enjeux forts est de pas aller assez vite sur la régénération de l’industrie et de rester sur des schémas de production inadaptés. Ici aussi le rôle du capital investissement et de la transmission des entreprises industrielles ou de services; de promouvoir des croissances externes à fotr potentiel est central pour faciliter les transitions, permettant des modèles plus régénératifs et assurant les réinvestissements dans de nouveaux projets adaptés à cette neutralité carbone notamment.
Pour une réindustrialisation plus « verte » au service des citoyens : que prévoit les lois (transition énergétique pour une croissance verte) pour atteindre la neutralité et réussir cette transition écologique ?
En France les thématiques abordés reprises dans le plan de relance 2030 peuvent éclairer quelque peu votre chemin stratégique et opérationnelles :
- OBJECTIFS COMMUNS POUR RÉUSSIR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, RENFORCER L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE ET LA COMPÉTITIVITÉ ÉCONOMIQUE, PRÉSERVER LA SANTÉ HUMAINE ET L’ENVIRONNEMENT ET LUTTER CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE (Articles 1 à 2)
- MIEUX RÉNOVER LES BÂTIMENTS POUR ÉCONOMISER L’ÉNERGIE, FAIRE BAISSER LES FACTURES ET CRÉER DES EMPLOIS (Articles 3 à 33)
- DÉVELOPPER LES TRANSPORTS PROPRES POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L’AIR ET PROTÉGER LA SANTÉ (Articles 34 à 68)
- LUTTER CONTRE LES GASPILLAGES ET PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE : DE LA CONCEPTION DES PRODUITS À LEUR RECYCLAGE (Articles 69 à 103)
- FAVORISER LES ÉNERGIES RENOUVELABLES POUR DIVERSIFIER NOS ÉNERGIES ET VALORISER LES RESSOURCES DE NOS TERRITOIRES (Articles 104 à 122)
- RENFORCER LA SÛRETE NUCLÉAIRE ET L’INFORMATION DES CITOYENS (Articles 123 à 132)
- SIMPLIFIER ET CLARIFIER LES PROCÉDURES POUR GAGNER EN EFFICACITÉ ET EN COMPÉTITIVITÉ (Articles 133 à 172)
- DONNER AUX CITOYENS, AUX ENTREPRISES, AUX TERRITOIRES ET À L’ÉTAT LE POUVOIR D’AGIR ENSEMBLE (Articles 173 à 215) (LOI n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte)
La loi Pacte, adoptée en mai 2019, a introduit quant à elle le débat sur la contribution des entreprises à la société à travers plusieurs mesures relatives à la RSE et a introduit la notion d’entreprise à mission.
Alors prêt à vous lancer avec pour « boussole » de pouvoir réussir une industrialisation de qualité au service des usagers dans nos territoires ?
Pour aller plus loin :
la stratégie Bas Carbone de la France : https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc
la stratégie des Hauts de France en matière d’industrie et de neutralité carbone https://rev3-entreprises.fr/
L’Europe et sa stratégie pour atteindre la neutralité carbone https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20190926STO62270/qu-est-ce-que-la-neutralite-carbone-et-comment-l-atteindre-d-ici-2050