Beaucoup d’initiatives ont été prises ces derniers temps , souvent en urgence, toujours grâce à l’énergie déployée par les collaborateurs et les gouvernances d’entreprise ou d’institutions. Cela est très encourageant pour assurer le relèvement économique.
Une partie d’entre elles peuvent s’avérer être des innovations pérennes, à forte utilité économique et sociale et devenir potentiellement porteuses de valeur. La condition pour les prendre en compte est d’en faire un inventaire avisé et surtout de ne pas se tromper dans l’interprétation du sens à leur donner et favoriser leur bonne appropriation en mode intrapreneuriat.
En effet, le mot « innovation » est beaucoup utilisé pour évoquer le monde d’après, une sorte de phare qui montrerait un chemin de sortie de crise, à condition d’être « frugale ».
Mais de quoi parle-t-on au juste et quelles sont les conditions pour réussir l’essai? 🚦Au moment où on pense tout changer, ne nous trompons pas sur sa nature !

L’innovation = une ou plusieurs idées, perceptions, sentiments, observations et/ou expérimentations terrains en émergence ou impulsés de manière volontariste combinés de manière différente ou originale pour changer la façon d’aborder une problématique.
Quelle soit portée par un ou plusieurs entrepreneurs ou des intrapreneurs, elle a vocation à se déployer pour trouver son marché, l’élargir à plus d’usagers, le renouveler, réussir à améliorer le fonctionnement ou l’organisation du réseau de valeur.
Elle devient pérenne si elle démontre une utilité forte. Elle se construit au fur et à mesure en entraînant avec elle une dynamique nouvelle.
A ces conditions, elle réussira à apporter un retour en terme de valeur et de diffusion.
- « Qualitatif » = apport d’impact positif, modification d’image ou de raison d’être, meilleure organisation du travail, processus plus fluide.
- « Quantitatif » = adeptes nombreux, effets d’entraînement forts sur la communauté d’usagers, CA important et/ou marge dégagée finançant son élargissement et déploiement.
Alors me direz-vous, si tout marche bien et à fortiori quand la météo est moins clémente, pourquoi est-il nécessaire de penser innovation et d’organiser ce processus ?
- le plus évident en ce moment : savoir répondre à une contrainte venue de l’environnement : « l’adversité crée l’innovation » et oblige à changer de façon de faire en tirant les leçons des usages ayant émergés.
- optimiser ses pratiques : « l’apparition de nouveautés et l’évolution des pratiques sociales et culturelles appellent d’intraprendre pour innover et ainsi que de pouvoir dégager de la valeur de ses activités.
- s’ouvrir des portes, lever les freins, pouvoir prendre de nouvelles positions par exemple à l’international : se développer implique souvent d’innover en se confrontant à des réalités différentes afin de mieux les adresser
- apporter des solutions en se confrontant aux usages, co-construire des solutions en réseau : « le réseau de valeur demande au-delà de liens réguliers posés de l’innovation pour rester attractif «
- valoriser une envie, un manque, ou une réponse liée à un parcours personnel : « l’intrapreneur typiquement porte ainsi en interne l’innovation à partir de ses initiatives qui peuvent bousculer les schémas de réflexion existants «
Intraprendre pour innover va ainsi bien au-delà de la simple utilisation d’une nouvelle technologie…..Cet assemblage original impulse et favorise l’émergence de nouvelles pratiques sociales, en général en les modifiant fortement autour d’une problématique donnée.
- Innover par l’application de solutions connues à de nouveaux domaines,
- Innover en essayant de nouvelles façons d’aborder, de régler un problème ou de répondre à des usages mal couverts,
- Innover pour réagir aux évolutions et s’adapter au fur et à mesure,
- Innover pour changer son regard sur sa façon d’exercer le métier, innover au service d’objectifs de développement durable ou d’impact sociétal positif,….
Tout ces objectifs doivent être mis en cohérence pour lancer les projets sur les bons items et assurer réussite et transversalité des dispositifs internes et externes de support. Clayton Christiansen, stratége de ces sujets, voyait ainsi l’innovation comme un processus.
Inventeur en 1997 de la notion d’innovation, dite en français « disruptive » que je traduirais plutôt en innovation « perturbatrice », plus proche de sa pensée: « La disruption change un marché non pas avec un meilleur produit – c’est le rôle de l’innovation pure –, mais en l’ouvrant au plus grand nombre. ».
Le « dilemme de l’innovateur », titre de l’un de ses ouvrages, indique que celui ci est positionné dans une double contrainte : diffuser son innovation ou rester dans des schémas existants à préserver potentiellement perturbés par cette diffusion. Changer implique en conséquence de créer les conditions d’évolutions sociales de ces pratiques.
Au-delà d’être une réponse possible à une crise majeure comme celle que nous connaissons, intraprendre pour innover doit s’inscrire pour être pérenne et dans une réflexion stratégique complète et hybride.
Plusieurs options pour en faire une pierre angulaire du réseau de valeur s’offrent aux acteurs :
- Une stratégie de pionnier pour inventer ou faire émerger au fur et à mesure quelque chose qui n’existe pas avec un impact marché rapide permettant un développement en scalabilité.
- Une stratégie d’adaptation pour introduire dans l’entité une nouveauté n’existant pas dans son réseau de valeur actuel et qui booste l’organisation et l’activité (et dans ce cas l’innovation peut se faire par transfert et appropriation).
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Levier offensif = faire évoluer leurs marchés ou les marchés, mettre en place une organisation de conquête adaptée.
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Levier défensif = se mettre à niveau du marché ou des évolutions de marché et rester dans la course, optimiser son organisation via ce levier.
Faire de nouvelles choses, Faire différemment des choses que l’on faisait déjà, s’adapter aux mutations et au contexte, répondre à de nouveaux besoins, intégrer une évolution technologique impliquent aussi de faire évoluer son « mindset », avec à chaque fois une approche personnalisée.
Structurer progressivement une activité combinant les ressources de son réseau de valeur propre (accessible ou cachée) est au cœur de « l’intrapreneuriat ».
Partir d’une idée posée à partir d’actes concrets et progressifs pour se doter de nouvelles capacités.
Cette approche permet de se mettre en capacité de faire émerger l’innovation, de prendre les bonnes vagues au bon moment. L’intrapreneur dans ce cas est le pivot et intégre toujours dans son approche le regard extérieur pour:
- Se confronter à une structure de pensée différente des équipes internes.
- Assurer la prise en compte de la pluralité des compétences pour innover.
- Enrichir les idées à structurer pour mettre en place cette innovation jusqu’au bout.
- Tirer plus vite et de manière pertinent les enseignements des actions et les mettre en perspective.
- mettre en place des démarches avec résultats réguliers et inscrits dans le quotidien.
En synthèse, un dispositif doit être animé autour des innovations via les principes clés de l’intrapreneuriat.
- Les dispositifs favorisant un Etat d’esprit permettant de passer plus facilement de l’expérimentation ou de l’idée à une véritable innovation inscrite dans les pratiques sociales des usagers : elles ont été testées, assemblées puis promues dans une proposition de valeur répondant à la solution de cette problématique avec un intérêt fort des usagers à ce qu’ils soient résolus ou en réponse à des usages qui méritent d’être traités sous cette forme.
- Ils permettent aussi de revisiter les pratiques et favorisent de l’amélioration immédiate de ses modes de fonctionnement actuels.
L’enjeu ultime est de renforcer les capacités de l’entreprise à aller vers une organisation plus adaptée pour affronter les mutations évoquées:
« Savoir si l’entreprise fait les bonnes choses ? Et si elle fait bien les choses ? et si elle doit se renouveler en s’appuyant sur des compétences transférables en modifiant son réseau de valeur »